Si l'on connaît depuis peu le rôle joué par RGF dans
l'avènement des cafés philosophie, on sait moins ce que fit Roland
entre les années 1930 et 1950. Au tournant du siècle, le texte qui
va suivre aurait pu faire couler beaucoup d'encre. Mais ce n'est
qu'aujourd'hui, tardivement révélé on le voit, que ce texte
tronqué parvient jusqu'à nous. A l'heure où se dessine une
tendance dite de political correctness outre atlantique, c'est peu
dire que les pisse-froid préféreraient tourner casaque. Disons-le
haut et fort, nous n'en sommes pas. Farthes n'est pas une pensée clé
en main. Pour cela, il y a les BHL et Finkielkraut. Attaquons.
«(...) Ainsi n'y a-t-il pas déterminisme nationaliste d'une
Nation jusque dans les objets qu'elle enfante ? On connaît
l'anecdote des toilettes à la turque initialement inventées par les
Belges, l'Ottoman ayant juste rajouté le trou.
Le design, expression (espresso ?) ultime et subjective du
summum de la Race. Quel meilleur exemple que celui de la cafetière ?
Objet tellement banal et quotidien qu'on en vient presque à oublier
son fonctionnement...
Pour ma part, j'ai toujours préféré l'Italienne. Ses flancs
argentés. Sa réalité compartimentée traversée d'un faisceau
unique, unique vecteur entre une masse bouillonnante, cancanante,
glougloutante qui s'élève, investit le café et sanctifie l'union
des masses et des élites en ce puissant et brun nectar jusqu'à
faire frémir le petit chapeau – les Transalpins disent capo.
C'est beau, c'est poétique. C'est Stendhal à Florence. C'est le
café d' « un popolo di poeti di artisti di eroi / di
santi di pensatori di scienziati / di navigatori di trasmigratori »
Rien à voir avec la cafetière dite à la française qui paraît
presque, osons le mot, rudimentaire. Rassurons-nous tout de suite. Il
n'en est rien. L'esprit français de D'Artagnan à Daudet est là
tout entier. Un peu brouillon, un peu dilettante. Fantasque.
On jette le café en vrac, on recouvre d'eau bouillante. On
mélange cette infâme mélasse et tout à la fois instrument et
métaphore du Génie français, le piston vient comprimer le café et
transformer ce ratafia en suave délice. Tel le peuple français, le
café n'est jamais meilleur que lorsqu'il est écrasé, sous la botte
d'un piston mécanique. C'est dans l'oppression qu'éclôt la
Révolution française, c'est dans le chaos que se révèle le grand
Napoléon...
Reine des machines-outils, la grande Allemagne a su allier la
vigueur du café latin à la haute technicité qu'on lui connaît.
Rigueur, précision et célérité. Qui mieux que Krups pour incarner
cette allégorie allemande : une eau chaude, portée à une
pression de 9 bars, traverse un café torréfié. Quelques secondes
plus tard, un soluté caféïneux se déverse dans la tasse. Qui dit
mieux ?
Certainement pas cette infâme lavasse produite par ce sournois
appareil qu'est la cafetière électrique. Urine dégradée où ne
subsistent que quelques arômes de café engloutis sous un déluge
d'eau courante. Et en un ultime degré d'avarice, de perversion et
disons-le de vice, cette cafetière dégénérée nous propose rien
moins que de maintenir au chaud ce rebutant substrat. Cette
cafetière-là, c'est la cafetière Schneider, cette cafetière-là,
c'est la cafetière du jui... »
Texte d'une haute teneur intellectuelle rarement atteinte chez
Farthes, cette théorie de la cafetière a fait couler beaucoup
d'encre. Découverte sur le tard, cette œuvre non datée a en effet
alimenté chez certains historiens en mal de notoriété le fantasme
d'un Farthes bien loin du grand Résistant que nous connaissons,
versé dans le fascisme, voire même l'antisémitisme.
Salir. Point n'est besoin de chercher d'autre motivation à cette
campagne de dénigrement dont les premières salves résonnèrent du
côté italien. Dans son essai « Farthisme et fascisme »,
le polémiste Umberto Cano se laisse aller à penser que la métaphore
farthienne du faisceau/interface entre le peuple et l'élite n'est
rien moins qu'un hommage au fascisme du Duce, voyant dans la
métaphore du petit capo un hommage discret à Mussolini.
Et la bêtise ne s'arrête pas là. Jean-René Bergognio dans sa
thèse d'université intitulée Résistance et show-biz. De
l'intermittence de l'engagement.nous
livre une analyse pour le moins rocambolesque et anachronique de ce
texte de Farthes voyant la mélasse décrite par Farthes comme une
critique à peine voilée du Front populaire et un plaidoyer pour la
Révolution nationale. Tout le monde se souvient de la formule de M.
Bergognio. « Le piston, c'est Pétain !» écrit ainsi ce
thuriféraire de l'épuration.
A cet égard, ayons une pensée mes frères et sœurs pour toutes ces pauvres femmes tondues à la Libération par les Résistants de la dernière heure. Ne faisons pas subir le même sort à Roland en ressortant de vieilles histoires qui n'intéressent guère que les aficionados du lynchage. Non Roland Farthes n'a rien à voir avec cette pestilence et ces anachronismes putassiers et c'est pur hasard si le modèle allemand s'impose comme la référence. Est-ce la faute de RGF si l'Allemagne est le 1er exportateur mondial de machine-outil ? Certes non.
A cet égard, ayons une pensée mes frères et sœurs pour toutes ces pauvres femmes tondues à la Libération par les Résistants de la dernière heure. Ne faisons pas subir le même sort à Roland en ressortant de vieilles histoires qui n'intéressent guère que les aficionados du lynchage. Non Roland Farthes n'a rien à voir avec cette pestilence et ces anachronismes putassiers et c'est pur hasard si le modèle allemand s'impose comme la référence. Est-ce la faute de RGF si l'Allemagne est le 1er exportateur mondial de machine-outil ? Certes non.
Quant au soluté caféïneux présenté
comme la version virile d'une prétendue solution caféïnale, on lui
accordera autant de mépris qu'à la légende urbaine selon laquelle
ce texte tronqué s'achèverait juste avant un déluge haineux contre
la juiverie internationale.
Véritablement, cette œuvre nous semble être un plaidoyer
unanime et humaniste pour l'Europe. A l'instar d'un Monnet ou d'un
Schumann, Roland Gérard Farthes nous indique la voie à suivre pour
reconstruire une Europe sur une identité propre où les
particularismes culturels de chaque peuple seront loués et
respectés. Entre le samovar des rouges, la cup of tea fadasse de la
perfide Albion ou le Nescafé inodore des Ricains, le café
(métaphore limpide du charbon pour qui détient les clés de la
rhétorique farthienne) peut être la clé de voûte d'une nouvelle
Europe où le plaisir du partage s'opposera au consumérisme forcené
des Américains, comme au nivellement par le bas des Soviets.
Quant à cette cafetière électrique, cette cafetière Schneider,
c'est bien le capitalisme international que vise RGF. Capitalisme de
la haute finance des Rotschild et autres Goldmann et Sachs. Ni plus
ni moins. Alors oui, ce texte appelle un chat un chat et met les
pieds dans le plat en argent des familles judéo-maçonniques et
c'est tant mieux. Merci Monsieur Farthes.
Onésime Graton
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