Roland
faisait un sommet au colloque de sa gloire.
Soudain,
il attrapa une maladie asiatique extrêmement rare et se transforma
peu à peu en fougère. Il déménagea donc en Bretagne et se mit au
sport.
Roland
faisait un solloque au commet de sa gloire.
Soudain
il se sentit très vieux et se rendit compte qu'il n'intéressait
plus personne.
Ses
collègues le snobaient ou lui rendaient des hommages tellement
vibrants qu'ils sentaient le sapin. Ses livres passaient de
l'imprimerie au pilon. Ses colloques étaient quasiment déserts et
n'attiraient plus que de vieux ratiocineurs – auxquels je dois bien
ressembler se dit Roland dans un accès de mélancolie.
Il
s'en plaignit à Nana, même si, depuis quelques temps, elle non plus
n'avait plus les yeux qui brillaient lorsqu'elle lui parlait ou
lorsqu'elle le regardait.
Elle
ne dit rien.
Elle
était morte depuis deux jours.
Roland Farthes faisait un sommoque au collet de sa gloire.
Soudain
il se rendit compte que Nana le trompait avec Ricardo, le masseur du
club de tennis. Roland fit une scène à Nana en lui disant qu'elle
était l'amour de sa vie et en exigeant qu'elle choisisse entre les
deux hommes.
Apprenant
ce chantage, Ricardo avoua à Nana qu'il s'appellait en vérité
Mourad et qu'il était le fils de l'émir du Qatar.
Outrée
d'être ainsi prise pour une cougourde vénale, Nana se rapprocha à
nouveau de Roland, qui ne mit pas longtemps à la saoûler avec ses
remerciements, ses petit-déjeûners au lit et ses bouquets de roses.
Elle
décida de partir quelques temps aux Maldives pour faire le point sur
sa vie. A son arrivée, elle rencontra Ben, un surfeur australien qui
venait de rompre avec Kelly parce qu'elle couchait avec avec Otto le
shapeur des planches de Ben.
Ben
était musclé et sa peau avait un goût de sel mais il ramenait
toujours du sable dans le lit et ça agaçait beaucoup Nana.
Lassée
de ces aventures sans lendemain, Nana se rendit à une conférence
sur l'épanouissement personnel organisée par l'hôtel. Une lueur
malicieuse passa dans les yeux de Kenzo, le conférencier, un indien
guarani spécialiste de la régénération spirituelle lorsque Nana
l'interrogea sur les propriétés de sa plante totem.
Coup
de foudre.
Roland
Farthes faisait un colloque au sommet de sa gloire.
Soudain,
ce fut l'instant fatidique où tout bascule.
Roland
l'avait senti s'approcher et il le redoutait de tout son être. Il
savait que l'on ne ressort pas indemne de la confrontation avec un
moment fatidique où tout bascule. Il craignait les conséquences du
basculement ou du glissement mais plus encore il craignait de ne pas
être capable de s'y adapter. L'idée d'être déposé sur la berge
comme un vieux bidon de lessive par la grande marée l'effrayait et
lui faisait honte.
-
Sois la planche, sois la vague murmurait-il inlassablement, sois la
planche, soit la vague, ce vieux mantra que lui avait enseigné son
maître David lorsque jeune sauveteur il s'élançait fougueusement
mais sans expérience à l'assaut des vagues de Mimizan pour aller
porter secours à une demoiselle en détresse qui se révélait
souvent être un gros chauve qui avait bu la tasse.
-
Sois la planche, sois la vague se dit à nouveau Roland.
Et puis ce fut tout.
Et puis ce fut tout.
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