L'été arrive, et avec lui les
barbecues, les pique-nique sur la plage et la canicule.
Le blog petit citron nous alerte sur
le risque que bébé refuse de garder sur la tête son couvre-chef ;
à vous de le convaincre, nous dit petit citron !
Mais comment faire ? Peut-on compter
sur l'esprit rationnel et la peur du cancer de la peau avant 6 ans où
tout se joue, comme l'affirme le Dr Fitzhugh Dodson et l'ensemble des
candidats aux élections nationales ?
La réponse est oui évidemment, ne
prenons pas les bébés pour des imbéciles. Mais il est probable que
cet effort soit inutile si le couvre-chef est un bob.
Le bob, contrairement à la
casquette ou au béret sur lesquels je ne reviendrai pas aujourd'hui,
encore que, deviendra instantanément le meilleur copain du bébé, et
ce jusqu'à la mort de l'un ou de l'autre.
En effet, le bob incarne le copain
idéal, l'essence du copain, comme l'histoire de ce chapeau et ses
multiples détournements nous le montrent, et comme je vais vous le
présenter en trois parties et trois sous-parties, preuve s'il en est
de la validité de la démonstration.
Première partie : la fraternité
virile
L'histoire nous le dit, et Wikipedia
aussi, le bob a émergé dans le monde militaire. Bonnet de marin,
chapeau de brousse, couvre-chef de pilote, chapeau de camouflage de
l'armée française, nombreux sont les avatars du bob au sein de
l'armée.
Pour expliquer cette incroyable
profusion, on évoque pêle-mêle la fragilité de la nuque face aux
moustiques et au soleil équatoriaux (oui, le moustique ET le soleil
sont également équatoriaux) ou le besoin cumulé de visibilité et
de protection que ne permettrait point la casquette, ni d'ailleurs le
haut-de-forme.
Mais ces explications constituent un
maladroit camouflage de la réalité, plus touchante, plus vibrante,
plus universelle : la présence du bob dans tous les corps militaires
est là pour témoigner de la fraternité virile, de la solidarité
qui constitue le ciment indéfectible de l'amitié entre frères
d'armes.
Evidemment, on me dira
qu'aujourd'hui, parler de frères d'armes c'est exclure les soeurs
d'armes. Je répondrai : la perspective est ici historique, mais vous
avez raison. Et d'ailleurs, les soeurs d'armes ont elles aussi leur
bob.
L'émergence du féminisme dans les
années 20 a fait émerger le carré à la Louise Brooks. Mais qui
sait dans cette salle que l'autre nom de cette coiffure est le bob ?
Eh oui ! Mais ce nom, encore trop marqué par son origine virile, est
passé à la trappe, non pas celle des moines, celle de la cave.
C'est alors qu'est né le dernier
avatar du bob, le chapeau-cloche. Oui, mes soeurs d'armes, le chapeau
cloche, c'est notre bob, le symbole de notre lutte !
Seconde partie : les vacances
avec les copains
En ces temps de Tour de France, le
mot bob fait probablement surgir l'image du bob cochonou. 115 000
bobs Cochonou distribués en 2014 :
5ème goodie préféré des français, avec une côte de revente alant de 4 à 20 euros.
N'ayons pas peur des mots, nous dit
Cochonou,
le bob Cochonou
est un monument historique français ! Loin devant le traditionnel
béret !
D'accord, mais pourquoi ?
Après tout, le béret est fort
seyant, comme en témoignent nombre de défilés militaires. Par
ailleurs il s'accomode tout aussi bien de la baguette, du saucisson
et du pinard que le bob Cochonou.
Mais là où le béret exalte
l'individu au service de la patrie (n'est-ce pas Superdupont), le bob
se rebelle, le bob fait l'école buissonière, le bob part se balader
dans les champs avec les copains.
La sainte trinité bob-pastis (ou
petit jaune, comme dirait Etienne)-pétanque nous rappelle qu'entre
copains on est bien, on s'amuse, on devise de moins en moins finement
au fur et à mesure que la bouteille descend, on se fiche du qu'en
dira-t-on et on peut jouer même sans cochonou, euh, cochonnet, de
toutes façons il fait nuit on n'y voit plus rien, on pourrait
peut-être s'en jeter un petit dernier à la caravane.
Imagine-t-on des vacances au camping
avec les copains portant des canotiers ? Ou des bérets ? Non, les
copains, c'est les bobs.
Troisième partie : mon meilleur
pote s'appelle Bob
Car le nom bob n'est pas arrivé par
hasard. Et c'est là que je place ma merveilleuse avant-dernière
acquisition : hypocoristique. Ahaha ! Quelqu'un sait ?
Non ? Encore une preuve de la
solitude de l'être qui perd son humanité dans les grandes villes.
Bon, hypocoristique signifie
intention affectueuse par un procédé linguistique et notament
lexical spécifique. Bob est un diminutif affectueux pour Robert, lui
même un surnom donné aux soldats américains par les français. Le
couvre-chef arboré par mon ami Walt devanait ainsi : le bob, ce mot
contenant à lui seul toute l'amitié franco-américaine.
Ce surnom a fait florès pour
désigner un bon copain. Nous connaissons tous quelqu'un que ses
amis, pour lui montrer leur affection, ont surnommé Bob. Et ceci
dépasse même les limites de l'espèce humaine. Nous pensons à Bob
l'éponge, quintessence du copain.
S'il fallait une dernière preuve du
lien direct entre le nom et l'objet, la voici, traversant l'histoire
linguistique : l'autre nom du bob, le premier, l'inaugural, celui que
lui ont donné les fermiers et les pêcheurs irlandais qui le
glissaient dans leur poche pour partir pêcher, c'était le bucket
hat - bucket : le seau. C'est vrai qu'on peut l'utiliser pour
mettre au frais la bouteille de vin quotidienne au bord de l'eau, ou
pour conserver le poisson. Ce qui est bien pratique. Mais ce n'est
pas là où je voulais en venir. Je voulais parler de la glissade
linguistique qui servira de conclusion à cette conférence : c'est
en effet depuis bucket que s'est créé progressivement le mot buddy.
Buddy, le pote, le bob, CQFD.
Ca y est, votre bébé est
convaincu. Ca tombe bien, la caravane Cochonou
arrive.
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